Great Smoky Mountains, Jour 1 – Une journée magnifique, mais qui ne s’est pas très bien terminée ! – Octobre 2019 (1/3)
Hola !
Le week-end dernier (enfin le week-end avant le week-end dernier puisque je suis (encore) en retard dans l’écriture (du coup je dois réviser en permanence les mots que j’utilise), j’étais encore en vadrouille. Enfin encore, encore… Au final, je suis à une cadence où je ne pars que 2 week-ends par mois en exploration, ce n’est pas non plus tout le temps, tout le temps !
C’est (c’était ? Merde il faut vraiment que je publie au fur et à mesure que j’écris) l’automne et je me devais d’en profiter avant que l’hiver ne me cloisonne à la Floride et aux Caraïbes (oui je sais, c’est dur) !!
Direction Great Smoky Mountains National Park !!
What’s that ?
Et bien un parc national ! Un autre ! Le 5ème que je visite après les Everglades, Biscayne, Yellowstone et Acadia ! Bon si on veut être précis, c’est le 4ème puisque je n’ai visité Acadia que le week-end suivant …
BREF !
Un parc magnifique à visiter pendant l’automne pour y admirer sa palette de couleurs.
Les Great Smoky Mountains se situent au sud des Appalaches, à cheval sur le Tennessee et la Caroline du Nord. Pas trop loin de chez moi donc.
Nous avons pris un vol direct de St Pete (à côté de Tampa) à Knoxville (un aéroport situé au nord des Great Smoky Mountains). 1h30 de vol avec la compagnie Allegiant. Impec.
Le parc a principalement 2 portes d’entrée : l'une au nord dans le Tennessee, à Gatlinburg, l'autre au sud en Caroline du Nord, à Cherokee.
Ces 2 portes d'entrée sont reliées par une route principale, qui traverse le parc du Nord-Ouest au Sud-Ouest, qu’on appelle la Newfound Gap Road, et qui offre l’accès à de nombreux sentiers et points de vue sur les montagnes et forêts du parc.
Voilà la carte du parc pour vous donner une idée.
Nous sommes donc arrivées le vendredi midi par le Nord. Après avoir récupéré notre voiture de location à l’aéroport.
Du monde ?
Oulala. Oui.
Apparemment, Great Smoky Mountains National Park est le National Park le plus visité des Etats-Unis avant même le Grand Canyon : plus de 12 millions de visiteurs viennent se ressourcer ici chaque année, au Sud des Appalaches (5 petits millions seulement pour Grand Canyon à titre de comparaison) ...
Pourquoi ??
Bonne question !!
(C’est d’ailleurs pour le savoir que je suis venue le voir de plus près !!)
Il y a en réalité au moins 3 explications, selon mon point de vue personnel :
- Primo : sa situation géographique. Situé au cœur d'une région densément peuplée, sa proximité avec de grandes métropoles de l'Est du pays expliquent en partie ce succès. Il n’y a quasiment pas d’autres parcs nationaux dans l’Est des Etats-Unis.
- Deuxio : ce qu’ils appellent ici le « foliage ». L’automne est la meilleure période pour visiter le parc car les feuilles des arbres se parent de couleurs incroyables.
- Tertio : c’est un lieu magnifique à explorer, avec une biodiversité très riche, beaucoup d’animaux, une belle végétation, des sentiers variés, des montagnes qui font partie des plus anciennes montagnes sur terre, des magnifiques forêts autour à perte de vue… bref ! L’idéal quoi. Il est d’ailleurs inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1983. Et oui ! On ne rigole pas !!
Le parc est traversé par l'un des plus longs et célèbres sentiers de randonnée nord-américain : le fameux Appalachian Trail, qui traverse le parc du Nord-Est au Sud-Ouest.
De nombreux autres sentiers permettent aussi d'explorer ses points hauts, ses vallons, ses nombreuses cascades. Le parc en comprend plus de 150, il y a donc de quoi faire.
Mais cette région était également un grand territoire Cherokee, partagé avec les colons à leur arrivée aux alentours de 1800, puis perdu au moment de la déportation des Indiens à l'Ouest du Mississippi, et enfin partiellement rétabli.
Le secteur abrite donc aussi des vestiges de la vie rurale des colons dans ces magnifiques montagnes (petites églises, fermes, cabanes), ainsi que de beaux et intéressants musées indiens.
Il était prévu sur mon petit programme d’aller explorer cette partie sud mais un évènement inattendu nous a fait revoir nos plans et nous n’avons malheureusement pas eu le temps d’explorer cette partie du parc. Une bonne raison d’y retourner.
Great Smoky Mountains.
Pourquoi ce nom ?
C’est la première question que je me suis posée parce que je m’imaginais que tout était vert là-bas, ou multicolore, mais dans tous les cas, je ne voyais pas trop le rapport.
Et bien j’vais vous l’dire !!
Great Smoky Mountains, ce sont littéralement les Grandes-Montagnes-Qui-Fument : au détour de certaines routes, il y a des montagnes à perte de vue, recouvertes de forêts, et dans le lointain, une brume bleue les dessine en ombre, les nuages restent parfois coincés dans les sommets. Cette brume qui entoure les montagnes est apparemment due aux différentes particules rejetées par les feuilles, produisant une espèce de fumée bleue-grise. Les Cherokees surnommaient ces montagnes les montagnes bleues, bleu comme la fumée. Ou les montagnes qui fument.
Encore une fois, c’est beau, c’est poétique.
Et bé oui, on ne le sait pas assez, mais les Américains sont des poètes.
Voilà pour l’introduction !
Nous rentrons dans le parc par l’entrée Nord. Tout de suite, on est dans l’ambiance. Une route traverse la forêt, longeant une rivière, les feuilles sont de couleur jaune, orange, rouge. C’est beau. Comme pour les autres parcs, on peut s’arrêter à volonté sur le bord de la route pour profiter du paysage et prendre des photos.
On passe devant le Sugarlands Visitor Center, généralement le premier lieu à visiter lors de l’arrivée dans un parc. J’avais prévu d’y faire un stop, mais finalement on ne s’y arrête pas. Il y a un monde-de-ouf.
De toute façon, je sais déjà ou je veux aller et les randonnées que je veux faire. Et oui, c’est ça d’être organisé que voulez-vous!
Du coup, ben c’est vraiment parti.
On emprunte la Newfound Gap road, une magnifique route panoramique de 53 km de long qui traverse le parc du nord au sud.
C'est la seule route à traverser de part en part Great Smoky Mountains. Elle part d'une altitude de 600 mètres pour monter à 1538 mètres à Newfound Gap, le point culminant de la route. Ou nous avons bien évidemment marqué un arrêt plus tard dans la journée.
Il faut environ une bonne heure pour la parcourir la route sur toute sa longueur, sans arrêt ni bouchons. Nous avons évidemment mis beaucoup plus de temps, nous arrêtant sur les parkings pour accéder à des sentiers de randonnée ou tout simplement pour profiter des paysages et admirer la vue.
Premier arrêt : Carlos Campbell Overlook ! Une des meilleures vues sur le parc. Devant nous, le Mount LeConte, le 2ème ou 3ème plus grand sommet des Smokies (plus de 2000 mètres d’altitude).
Deuxième arrêt : Chimney Top Overlook
D’ici, une vue magnifique sur Chimney Tops, un autre sommet culminant à 1463 mètres d’altitude.
Assez marrant d’ailleurs à ce niveau, la Loop Road réalise un 360 degrés sur elle-même. Curieux tracé. Mais bon.
L’arrêt suivant est pour le Alum Cave Trail. Un petit trail d’environ 7km aller-retour. Le premier défi est pour se garer. Pffff. Que de monde. Les petits parkings sont pleins (sans blague). Les voitures sont garées le long de la route, mais il n’y a pas non plus beaucoup de place. Je gare la voiture sur un bas-côté assez profond. Bien malin ça ! J’espère qu’on pourra en ressortir. Ah ben fallait bien la poser quelque part !
On attaque notre petite randonnée.
Le chemin monte dans une forêt de rhododendrons, jusqu'à une vue dégagée sur Arch Rock, une arche naturelle. C’est super beau. Je suis vraiment fan de ces couleurs. Très vite, ça commence à grimper, on a chaud. Oulala. 350 mètres de dénivelé ce petit trail. Ah ben quand même. En plus le soleil est là.
Petit passage intéressant à travers un étroit tunnel creusé dans la roche.
Puis nous poursuivons vers Inspiration Point, d'où l'on a de jolies vues sur le parc, avant d'arriver à Alum Cave, un "abri sous roche" plus qu'une véritable grotte.
Magnifique.
Après avoir longuement admiré la vue, nous redescendons.
Deux bonnes heures et demie plus tard, nous voilà de retour à la voiture. Ah oui c’est vrai. Faut la sortir de là. Bon ben allons-y hein. Oula. Vive les voitures américaines ! Je suis sortie de mon trou.
Nous reprenons la route.
Petit arrêt à Morton Overlook, qui propose un magnifique panorama sur la Little Pigeon River, la Newfound Gap Road, Sugarland Mountain, Mount Mingus et Chimney Tops.
Puis voilà enfin Newfound Gap, le point le plus haut de la route (1538 mètres).
C'est ici que la Newfound Gap Road traverse la frontière entre le Tennessee et la Caroline du Nord.
Nous nous trouvons sur la State Line Ridge, une crête de montagnes qui constitue la colonne vertébrale du parc.
C’est ? Ma-gni-fi-que !!!!
Nous restons là un moment à nous balader et à admirer la vue.
D’ici, il est possible de parcourir une partie du fameux Appalachian Trail, cette randonnée mythique qui suit cette crête sur 111 kilomètres pour traverser le parc. Pas au programme du jour malheureusement. Oui, ben faut faire des choix dans la vie !
Ce trail fait en réalité plus de 3500 km et relie la Géorgie au Maine. Donc bon, il vaut à lui seul un voyage à part entière !
Nous voilà environ à la moitié de Newfound Gap Road donc, à la frontière entre les 2 États.
La fin de la journée approche, l’air se refroidit (ah ben on est en octobre et pas en Floride là !), nous repartons et nous écartons un peu de la route principale pour monter voir Clingsman Dome, la plus haute plateforme d’observation du parc.
Clingmans Dome est vraiment le point culminant du parc. Le lieu est (hélas) très aménagé : grand parking, et surtout grosse structure en béton tenant lieu d'observatoire au sommet. Par contre, je pensais qu’il s’agissait juste d’un point de vue que l’on avait quasiment tout de suite. Mais non, celui-ci se mérite !!
Il faut tout d’abord grimper sur 500 mètres, c’est pas beaucoup, mais ça monte méchamment !!! Je pense qu’on a bien mis vingt minutes, avant de parvenir au chemin d’accès de l’observatoire. Il commence franchement à faire froid, mais on est de nouveau vite réchauffé !
Qu’est-ce que ça grimpe !
Et vite quoi ! Pfffiiou. Je les sens bien mes petits quadriceps là !
Le sommet de l’observatoire est accessible par une rampe en colimaçon. Tout est goudronné (malheureusement), mais du haut de l’observatoire (haut de 14 mètres), nous avons une vue in-cro-y-a-ble à 360 degrés sur les montagnes, avec des tables d'orientation pour se repérer. Par temps clairs, on peut voir jusqu’à 7 Etats !
Bon pas sure de les avoir tous vus. Le vent s’est levé et il est glacial. Mais la vue est vraiment sympathique.
On est à une demie-heure de l’heure du coucher de soleil, c’est un peu nuageux et on se demande si cela ne vaut pas le coup de voir ce que ça donne.
Pour se réchauffer, et s’abriter un peu du vent, on redescend de l’observatoire et on tourne un peu, avant d’y remonter à nouveau.
Bon. Ça s’annonce mal. C’est bien nuageux et on aperçoit vite fait le soleil, mais ça ne va pas être grandiose.
Le ciel se pare cependant déjà de jolies couleurs pastel mais trop de nuages là où le soleil va se coucher.
Il fait vraiment froid désormais et je ne crois pas que l’on va assister au coucher du soleil, je propose à Emeline de redescendre.
On attaque la descente (ça descend sec !!!!!) puis on se retrouve au niveau du parking, le soleil est en train de se coucher. On reste pour l’admirer.
Autant le coucher de soleil en tant que tel n’est pas ouf, autant l’après coucher de soleil est quant à lui totalement dingue !!!
Le ciel commence à se parer de couleurs hallucinantes !! Et cela est amplifié par les nuages alentours.
Les couleurs dans le ciel sont tellement incroyables qu’elles ne paraissent pas réelles. Les photos paraissent presque retouchées. Alors que pas du tout !!! (Je ne retouche jamais une photo. Et oui. C’est peut-être un tort. Mais soit la photo est réussie, soit elle ne l’est pas ! C’est ma politique.)
Voyez plutôt :
Il fait désormais vraiment très froid, j’ai les doigts gelés, mais c’est vraiment beau, nous restons encore près de 45 minutes après le coucher de soleil, puis nous finissons par reprendre la route.
Nous descendons la route de Clingsman Dome et retrouvons la Newfound Gap Road, direction Cherokee, une ville au sud des Great Smoky Mountains. A l’extérieur du parc.
Il fait nuit noire désormais, et je roule prudemment. On approche de la sortie du parc. Plus que 10 minutes avant d’arriver à l’hôtel.
Je suis concentrée à fond depuis que nous avons repris la route sur le fait de ne surtout pas avoir un accident avec un animal (je ne sais pas pourquoi cette idée est bloquée dans mon esprit).
Mais je n'ai pas le temps d'élaborer sur ça, puisque devant mes yeux, dans la lumière de mes phares apparaît soudainement un cerf (ou wapiti), sorti de nulle part (enfin si de la droite de la route), et qui me fixe, immobile.
J'ai à peine le temps de crier (nooooooooooon) et de freiner que je le percute violemment.
Ouh le choc de ouf.
Et m'arrête sur le bord de la route un peu sonnée. Le choc a été violent mais pas tant que ça non plus puisque les airbags ne se sont pas déclenchés. Je roulais à environ 50 km/heure.
Emeline qui dormait est réveillée un peu brutalement. Oui. Alors désolée pour elle. A cet instant précis, 2 pensées me traversent l’esprit : 1. C’est con, elle qui a toujours voulu voir un cerf, on en avait un juste devant nos yeux ! 2. Je peux comprendre que le réveil est un peu brutal.
(C’est fou de voir ce à quoi on pense dans ces moments là.)
Émeline a beau être réveillée brutalement, son premier réflexe est : mets-toi bien le côté, et mets tes warnings. Ah oui pas con.
Moi, c’est plutôt : merde, il est où ?? Il est mort ? Il est pas mort ? Il est passé où ce con ? Je sais pas pourquoi non plus, mais à ce moment-là j’ai des images de films qui me traversent l’esprit. Pas vraiment le moment, mais bon. Je cherche partout alentour.
Nous ne voyons rien, il a déjà disparu.
Je n’ai aucune idée en fait du temps qui s’est écoulé à ce moment là.
La voiture est bien défoncée, je ne peux pas ouvrir ma portière, et jai reçu du verre un peu partout en provenance du pare-brise qui est en petits morceaux, mais les airbags ne se sont pas déclenchés, aucun signal ne se manifeste sur le tableau de bord et la voiture semble « conduisible ».
Il ne nous semble pas du tout prudent de rester là dans le noir, avec le risque de se faire percuter par une voiture, et l’hôtel est à 10 minutes, nous décidons donc de rentrer à l’hôtel et d’aviser ensuite.
En sortant de la voiture, nous constatons les dégâts. Ah oui quand même. Violent le choc. Plein de poils sur le pare brise, nous n’avons pas rêvé. Malheureusement.
Adieu le petit dîner auquel Émeline rêvait pour conclure cette magnifique petite journée !!!!
Après avoir appelé Hertz pour leur faire part de notre petit problème et connaître la procédure, ils nous expliquent que nous allons avoir besoin du rapport d’un policier.
Ah. Question d’assurance.
Personnellement, je ne percute pas tous les jours des animaux qui me déglinguent ma voiture, mais ça marche un peu de la même façon dans tous les pays. Afin de pouvoir prouver à la compagnie d’assurance que tu n’es pas totalement responsable, il faut obtenir un rapport de police qui confirme le choc avec l’animal.
Ok.
Nous redescendons demander au réceptionniste s’il est possible d’appeler les policiers pour nous.
En attendant leur arrivée, nous rappelons Hertz pour connaître la suite de la procédure, compléter un dossier sur l'accident et savoir s’il est possible d’échanger la voiture.
Alors que la dame au bout du fil nous demande 12 000 infos sur ma vie, mon œuvre, (on a galéré un moment car elle ne comprenait rien à ce qu’on lui disait, elle était là, vous voulez un interprète ?, non mais tu te fous de notre gueule ? On parle anglais là, concentre-toi un p’tit peu stp !!), un flic se pointe à l’hôtel.
Je laisse Émeline gérer avec la madame-qui-pipait-rien-à-ce-qu’on-lui-disait et je commence à expliquer au flic pourquoi on l'a fait venir et ce que j’attends de lui. Alors lui non plus il ne capte rien. Non mais c'est pas vrai. Vous allez faire un effort oui ??
Moi qui n’ai jamais eu affaire à un flic de ma vie, je peux vous dire que, même sans pouvoir comparer, ces flics américains sont vraiment une race à part.
Enfin.
Je commence à raconter mon histoire en lui disant qu’il me faut un petit rapport de sa part. Et le voilà qui me demande où l’accident a eu lieu.
Euh ben je viens de vous le dire !!!
Mais c’est fou ça, pourquoi y’a personne qui m’écoute quand je parle ???
Il me fait, oui mais faut que ce soit très précis, parce que c’est une histoire de juridiction. Selon l’endroit où ça a eu lieu, c’est soit à moi de le faire ce rapport, soit aux rangers du parc.
Ah.
Neurones en action, j’essaie de me rappeler précisément où c’est arrivé.
Pas facile facile. C’est pas comme si je connaissais le pays par cœur non plus. Donc je roulais sur cette route, je venais en direction de bla, et j’allais en direction de bla, je venais de passer le Visitor Center d’Oconaluftee, et on a roulé environ 10 minutes après pour arriver à l’hôtel, donc si vous avez une carte, je peux vous montrer à peu près. Non ?
Je ne comprends pas.
Qu'est-ce que tu comprends pas ?
C'est pourtant clair.
Bon. Faut remettre les choses dans le contexte. J’ai quand même percuté un cerf dans la nuit noire en roulant ultra prudemment. Ledit cerf a déglingué notre caisse. On est fatigué par notre journée, on a faim, et on est un petit peu sous le choc je pense quand même.
Je suis super précise sur ce que je te raconte et toi tu me dis que tu comprends pas ?? Va falloir faire un petit effort mon p’tit gars. Et arrête de me prendre pour une touriste qui débarque stp, une petite frenchy qui comprend rien à ce qui lui arrive. Je comprends parfaitement, c’est toi qui pige rien.
Mes neurones sont là, et tout est clair dans ma tête, mais c’est quand même pas banal quoi!
Je suis en train d’essayer d’expliquer super clairement au flic où c’est arrivé en utilisant des tas de mots et je peux pas lui montrer sur la carte, car Émeline est au téléphone avec la madame-qui-comprend-pas-tout de Hertz.
Mais t’as pas un téléphone toi ? Que je te montre ? Non. Mais il se fout de ma gueule c’est pas possible ça.
Et là, le flic il me sort quoi ??
« Par ailleurs, pourquoi vous n’avez pas appelé quand vous étiez encore sur les lieux ? Ça aurait été plus simple. Et en plus, comment je peux vous croire ? Comment je sais que c’était bien un cerf et que vous n’êtes pas rentrés dans un arbre ?? »
Oulala.
Ça va être dur je le sens.
Merci mec, mais alors d’une, c’est pas écrit dans le manuel que je suis censée rester sur les lieux du crime, de deux, j’ai pas trouvé que c’était l’endroit le plus sûr de la planète, de rester là sur le bord de la route dans le noir à attendre que tu te ramènes, de trois, bon à savoir pour la prochaine fois, mais petit a, je suis pas du genre à raconter des histoires, petit b, quand tu vas voir la tête de la voiture et tous les poils que la bête a laissé sur mon pare-brise, tu vas vite voir qu’il n’y a pas besoin d’être intelligent et d’avoir fait bac +10 pour comprendre qu’ils sont pas arrivés là tous seuls ces poils, donc maintenant tu vas te concentrer un instant, arrêter avec ton p’tit air là et m’écouter. Non mais ho. Tout flic américain que tu es.
Patiente, je recommence donc à lui expliquer, mais pardon, avec une carte ce serait plus facile hein, c’est pas comme si j’avais vécu 20 ans ici et que je connaissais tout par cœur !
Et là, il me fait (véridique), "attendez je comprends pas ce que vous me racontez, venez avec moi, je vais appeler ma belle-mère, elle était prof de français, vous allez lui expliquer et elle me traduira".
...
...
...
Non mais il est sérieux lui ???
Franchement, je n'sais plus si je dois rire ou pleurer là, j’ai l’impression d’être dans un film. Qui a écrit le scénario ?? Faudra revoir !
Non mais il se fout de ma gueule ou quoi ?!? OK, j’ai pas l’accent le plus clair du monde, j’admets, mais déjà je peux en dire autant du tien !!!! Et deuxio je te répète que j’ai pas cartographié la zone mentalement !! Et c'est pas parce que je vais te faire la version en français que ça va être plus clair ! Je vais te redire la même chose !
"Oui, mais c’est vraiment important. Si c’était à ce niveau là, c’est moi, sinon c’est pas moi. Tout est une question de juridiction. Ca a eu lieu dans le parc ou pas ?"
Non mais j’ai bien compris hein.
Je fais un signe à Émeline que je sors et je le suis vers sa voiture.
Et le voilà qui téléphone devant moi à sa belle-mère et lui explique la situation.
Non mais c’est pas possible.
Mais dans quel monde vit-on ?
Bon je vais pas le fâcher, mais j’ai quand même envie de rigoler et en même temps de lui coller une baffe. Mais j’ai été bien élevée et donc je m’exécute gentiment.
Bonjour madame, désolée de vous déranger en cette heure tardive mais je viens d’avoir un accident, j’irais bien dîner et me coucher et votre abruti de gendre ne pipe rien à ce que je lui explique. Vous pouvez traduire ?
Il doit être 21h, et je suis en train d’expliquer ce qui nous est arrivé à la belle-mère du flic qui est censé me sortir un rapport. Ou pas.
L O L
Bon.
Je recommence pour la 3ème fois, en français cette fois (le flic a mis le haut parleur), et évidemment la vieille ne capte rien à ce que je lui raconte. Charmante au demeurant, elle me demande d’où je viens, tout ça, franchement c’est pas que je veux pas te parler de Paris, mais si on pouvait se concentrer 2 minutes sur mon problème, ça m’arrangerait merci.
Évidemment elle ne capte rien du tout, et je repasse à l’anglais quand soudain me revient un détail qui va enfin nous mener à la conclusion tant attendue!
On venait de repasser sur une 2 voies alors que pendant tout le parc, on roulait sur une seule voie. Et comme je ne roulais pas assez vite, les voitures derrière moi étaient en train de me doubler !
Ah enfin l’indice qui tue.
Le flic percute enfin. Il visualise l'endroit. Ah ben c'est pas trop tôt ! Ca a eu lieu dans le parc, c’est pas sa juridiction ! C’est au ranger du parc d’établir le rapport.
You are kidding me.
No? You are not ??
Et merde.
Bon. Ben super. Merci. De rien. Pffff.
Non mais le pire c’est que tout ça, c’est même pas romancé !!!! Comment j’aurais pu inventer ça ?!? Quand j’y repense, c’est vraiment n’importe quoi.
Émeline nous rejoint.
On va voir la voiture tous les 3.
Il nous dit : « Qh ben en effet, il vous a pas loupé là. »
Merci, mais c’est tout ce que tu as à nous dire ?
Il regarde les poils et prend des photos.
« C’était bien un cerf ou un wapiti. Il était grand comment ? »
Euh grand. Qu’est-ce que j’en sais moi ! C’est pas comme si j’avais eu le temps d’étudier la situation !!! Il avait des bois c’est tout ce que je peux te dire !
Il prend ses photos et nous dit qu’il va contacter le ranger et lui envoyer ses photos pour que ce dernier puisse faire son rapport.
Ok merci.
A plus !
Il prend congé. (lol j’avais envie de caser cette phrase qu’on retrouve tout le temps dans les livres)
Je retourne à l’intérieur, Émeline est montée se doucher, et moi j’attends que le ranger me contacte. Voilà qui est fait.
Au moins ils ont bien communiqué entre eux puisqu’il est déjà au courant de l’histoire (ouf) et me dit qu’il ne peut pas venir ce soir, il est trop tard, mais qu’il faut qu’on le rappelle le lendemain matin vers 10h.
Pfffiou.
Quelle journée.
Bon, la voiture est déglinguée. Il va falloir voir comment on fait pour la changer sachant qu’il n’y a pas de Hertz à moins de 2h de là où on est. Merde.
En plus, mon p’tit programme du lendemain tombe à l’eau.
Re-merde. Oui bon l’important c’est qu’on soit vivant c’est sûr, mais merde quand même.
Ralala.
Bon allez comme on dit, la nuit porte conseil. Au lit et on avisera demain !!
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